Il fallait bien que cela arrive un jour: désormais, les jeunes poètes s’inspirent des vieux rappeurs. Prenez l’un des plus talentueux, Victor Malzac, 26 ans, déjà auteur de quelques recueils remarqués, à commencer par « Dans l’herbe » (Cheyne, 2021). Ses textes sont irrigués par la puissance rythmique et l’énergie orale des artistes qui incarnent l’histoire du hip-hop français. Parmi ces grandes figures fondatrices, MC Solaar tient une place à part. Avec des albums cultes comme « Qui sème le vent récolte le tempo » (1991) et « Prose combat » (1994), Solaar n’est pas seulement entré dans le patrimoine de la chanson: il a aussi donné au rap ses lettres de noblesse en lui conférant une légitimité poétique. Faire effraction dans la langue pour l’obliger à dire, sur le réel, quelque chose de nouveau, telle est la vocation commune du poète et du rappeur, qui, on le vérifiera lors de cet entretien, ne font qu’un.