Feu et sang, d’un côté. Air et savon, de l’autre. « La guerre répand ses ravages d’un continent à l’autre, l’autoritarisme et l’oppression progressent, quelle étrange lubie a pu nous pousser à écrire tant de pages sur de pauvres bulles de savon? » s’interroge Pierre Zaoui, dans son magnifique nouvel essai, « Beautés de l’éphémère. Apologie des bulles de savon » (Seuil). Où le philosophe, né en 1968, révèle combien ce jeu enfantin, reposant sur la formation jubilatoire et la disparition mélancolique d’une petite sphère savonneuse et irisée, a à nous apprendre de notre monde commun, de notre rapport à l’existence, à la joie et à la mort... Spécialiste de Spinoza, militant au sein d’Act Up au début des années 1990 et cofondateur de la revue « Vacarme », l’auteur de « la Traversée des catastrophes » (Seuil, 2010) a marqué une génération de lecteurs, restés fidèles à ces mots de Gilles Deleuze qui ouvraient l’ouvrage : « La vie active la pensée, et la pensée à son tour affirme la vie. »