Depuis son enfance, Alice Renard rêve d’inventer une machine qui l’emmènerait farfouiller au fond des êtres. C’est chose faite avec « la Colère et l’Envie » (Héloïse d’Ormesson), son premier roman, publié à 21 ans : Isor, 13 ans, ne parle pas. On la découvre à travers la déploration de ses parents, incapables de traduire ses larmes, colères, fugues et déclamations dans des langues inconnues. Isor est une magnifique figure du refus, à laquelle on a d’abord un accès indirect, par le prisme de langages dissidents. C’est auprès de Lucien, un vieil homme de 76 ans, que « l’invraisemblance » d’Isor éclot, et plus encore quand elle quitte ses parents, dans ses lettres. Traversée facétieuse d’un silence chargé de sens, le roman se fait philtre magique – grammaire intime d’une écrivaine qui dit s’être inspirée, pour faire exploser le langage, de l’expressivité des fautes d’un réfugié soudanais et de l’étrangeté poétique de l’ancien français.

En partenariat avec la région Île-de-France, des élèves du lycée Assomption de Bondy participeront à la rencontre en lisant à voix haute des extraits de l'œuvre de l'autrice.